Organisation « du citoyen » des Nations Unies contre la corruption en Afrique


Ce 9 décembre 2019, le Rwanda accueillait la 4e édition internationale de remise des prix anti-corruption. Contrairement à beaucoup de personnes pour qui cette actualité est passée inaperçue, elle était pour moi, un sujet de joie (car je suis littéralement fasciné par ce pays) qui m’a permis de développer une réflexion sur l’état de lieu de la lutte contre la corruption dans nos pays africains en 2019. Accueillir une cérémonie d’une telle envergure traduit d’une réelle évolution de bonne gouvernance de l’État rwandais qui peut se taguer d’être un modèle pour le monde d’entier. Le Rwanda devenu tristement célèbre lors du génocide de 1994, a réussi l’exploit en moins de 30 ans à se hisser à la tète des pays les moins corrompus d’Afrique dans un contexte où la corruption demeure ancrée dans les uses et mœurs d’une société en pleine crise de gouvernance et de précarité. 

En effet, il est estimé à plus de 2 600 milliards de dollars (soit 5% du produit intérieur brut mondial) perdu par des pratiques liées à la corruption. En Afrique, la corruption coûte environ 148 milliards de dollars, représentant environ 25% du PIB moyen du continent. Aucun État, entreprise ou personne n’est à l’abri des conséquences néfastes des actes de la corruption. Les pots de vins, le blanchiment d’argent, les diverses formes de fraudes fiscales, les faveurs illicites d’une manière ou d’une autre accentuent les détournements de ressources dédiées à la réalisation des projets de développement. La corruption est un sérieux frein pour l’investissement et par conséquent pour la compétitivité économique car il est estimé très coûteux à hauteur de plus de 20 % de plus d’investir dans un pays corrompu.
Parce que la corruption est un phénomène sociopolitique et économique, elle est une entrave majeure à la bonne gouvernance et au processus de crédibilisation des institutions démocratiques.  Selon Transparency International, « il y a une forte corrélation entre « corruption et crise démocratique ». En Afrique en particulier, il est observé que les pays considérés comme plus corrompus, sont soient des autocraties ou des semi autocraties. En se basant sur le classement 2019 de  www.bestof.one 6 pays africains figurent dans le top 10 des pays les plus corrompus du monde, et sont considérés comme des pays très pauvres avec un taux de croissance presque nul.

La bonne gouvernance comme fondement de l’efficacité de la lutte contre la corruption



Ce n’est certainement pas un hasard si l’édition de la remise des prix d’anti-corruption est fixée Chaque 9 décembre. Cette date est considérée par les Nations Unies comme la journée internationale de lutte contre la corruption.  Vu l’ampleur de la situation, il est important de rappeler la nécessité pour les États, soucieux d’assurer le bien être des populations, de s’impliquer davantage dans cette lutte par l’implémentation de fortes mesures préventives et dissuasives contre des pratiques illicites dont les conséquences parfois invincibles à court terme, ralentissent l’épanouissement humain. Plus qu’un slogan ou un engagement de façade, la lutte contre la corruption est un enjeu crucial à considérer de manière pratique pour garantir un futur radieux pour la jeunesse. Elle est un élément fondamental de la bonne gouvernance, d’une justice équitable et de l’égalité de chance pour tous. Cette lutte va au delà des engagements dans les organisations internationales et par la création de multiples institutions. Elle doit être des actions pratiques s’inscrivant dans le quotidien de gestion des affaires publiques de manière transparente alliant contrôles permanents et sanctions fermes.
Par ailleurs, la définition d’un cadre légal crédible et équitable tenant compte des différences de genre, religion et appartenances politiques, doit aussi être pris en compte pour lutter contre la corruption. La limitation au maximum de la dépendance des institutions au pouvoir politique et exécutif pour favoriser la primauté de la justice et de la méritocratie, est une mesure en plus à adopter plus efficacement par les États pour améliorer le climat des affaires et de la démocratie.
Toutefois, en réalité, ces mesures sont connues par tous ; l’ONU et plusieurs ONG à l’instar Transparency International se déploient suffisamment auprès des autorités gouvernementales pour s’assurer qu’elles sont prises en compte dans la gouvernance nationale et dans les rapports inter étatiques. Malgré ces efforts,  le phénomène de la corruption demeure patent et semble prendre de plus en plus d’ampleur dans nos États africains. Ce paradoxe révèle que le vecteur de puissance de la corruption en Afrique principalement est le citoyen. Qu’il soit dans un but égoïste d’obtenir des avantages ou d’user illicitement des avantages liés à une position, la corruption est la conséquence d’une perversion morale et éthique observable dans toutes les sphères de la société ; du sommet de l’État jusqu’à la couche la plus défavorable.  

L’individu : acteur central de la lutte contre la corruption en Afrique

Quoique la lutte contre la corruption soit un impératif des États et des gouvernements, le citoyen reste l’acteur clé de cette lutte. Il est la clé de voûte réelle de ce problème. Dans la plupart des pays africains, la corruption est devenue un procédé informel normalisé et toléré par la majorité. Elle est devenue moralement acceptée et se fait au vu et au su de tous sans crainte de sanction. L’impunité et un manque d’évaluation-contrôle ont laissé place à l’émergence d’un sous système de rente illicite, de fraude, de népotisme et de clientélisme à tout les niveaux de la strate de la gestion administrative et économique des États. La corruption ne concerne pas que les élites, au contraire, elle tire sa force dans les interactions au quotidien des différents acteurs sociaux. Du simple agent de l’État aux instituteurs des écoles maternelles passant par les personnels des hôpitaux et les étudiants, la corruption est devenue la chose la mieux partagée. La corruption entre les gouvernés est souterraine et échappe à toutes formes de contrôle et d’évaluation. Elle est celle la qui cause plus d’impact au développement des États car elle impose un mode de fonctionnement particulier, grandissant hors d’un cadre clairement défini et ayant des répercussions au niveau élevé de la gouvernance.
Le véritable enjeu de la lutte contre la corruption est l’éducation de masse et les sanctions légales applicables à tous. En effet, en plus de la sensibilisation, il est primordial de restructurer l’éducation morale et éthique de la jeunesse. La promotion de l’état de droit commence par le respect au quotidien des règles et lois étatiques par chaque citoyen. La lutte contre la corruption commence dans les chaumières et dans les micros communautés. La notion de l’intérêt collectif redevrait prendre le pas sur la notion d’intérêt personnel. Pour lutte efficace contre la corruption, les mesures à prendre doivent partir du bas de la pyramide du pourvoir vers le haut, sinon le combat demeura une simple volonté.

Avec cette journée internationale, les schèmes de solutions de lutte contre la corruption devraient changer de perception. Il est important d’investir davantage sur l’éducation des populations des dangers de la corruption tout en contrôlant et dénonçant les actions abusives des gouvernants revêtant des aspects de la corruption. Aujourd’hui avec  l’évolution technologique en l’occurrence les outils de l’internet, il est moins compliqué d’impliquer l’acteur citoyen dans une élaboration nouvelle des mesures efficaces de lutte contre la corruption. Pour une gouvernance stratégique efficace, il est nécessaire de structurer les actions publiques partant du bas vers le haut permettant de stimuler une nouvelle perception de l’intérêt collectif pour le développement de tous. La volonté politique est certes un élément fondamental pour l’efficacité de la lutte contre la corruption mais la volonté citoyenne de chaque individu est la solution idéale contre la corruption.

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