Donald Trump et le bouleversement de l’ordre international établi
Le président Donald Trump redonne un sens asymétrique dans la conduite de la politique étrangère des USA dans les relations internationales avec pour effet de déstabiliser "l'ordre mondial".
Depuis l’arrivé de Donald Trump à la tête
de la plus grande puissance mondiale en janvier 2017, sa présidence déstabilise
les uses et coutumes diplomatiques mondiales et marque une rupture
significative dans la conceptualisation et à la mise en œuvre de la politique
étrangère américaine. L’iconoclaste milliardaire entend redonner aux USA toute
sa puissance et son leadership sur la scène internationale. C’est ainsi que un
sens nouveau est redonné à l’analyse les relations internationales à la lumière
de la théorie classique du réalisme. Théorie percevant le monde comme un
système politique et économique anarchique où les acteurs ont uniquement des
intérêts concurrentiels et pas toujours des amis.
En effet, les rapports entre l’USA et les
grandes chancelleries du monde deviennent de plus en plus complexes à la
compréhension par les experts internationaux et les acteurs des relations
internationales. En rompant avec la politique néolibérale de son prédécesseur
Barack Obama marquée par la promotion du libre échange et du soft power,
l’activisme de Donald Trump sur la sphère internationale remet en avant la
primauté de l’intérêt national en donnant la priorité à l’unilatéralisme et au hard
power. Le président
américain ne cache pas son désir de satisfaire les besoins de sa population au
détriment de ceux des populations étrangères et au détriment des accords
internationaux signés par ses prédécesseurs en poste à la maison blanche.
Depuis son accession au pouvoir, la
politique de Donald Trump s’est caractérisée par plusieurs décisions et actions
plus ou moins controversées : Notamment le retrait des USA de l’accord de
Paris, le changement de politique de gestion sur les dossiers de la Syrie, de
l’Afghanistan et de l’Irak, des déclarations troublantes sur le dossier de
l’OTAN, le retrait des États-Unis de l'accord de partenariat Transpacifique, le
désir d’amélioration des relations américano-russes (relations
traditionnellement conflictuelles), le projet de construction d’un mur à la
frontière mexicaine, la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël et
l’établissement d’un ambassade dans cette ville, la sortie de l’accord
nucléaire avec l’Iran, le retrait du conseil des droits de l’homme de l’ONU.
Les actions de DT dans la sphère géopolitique bouleversent grandement le
système international établi et stabilisé depuis plusieurs années. C'est ainsi
que pour beaucoup, le déploiement de la politique étrangère
américaine est « d’apparence chaotique », relevant d’une certaine
naïveté stratégique et d’une immaturité politique de la part du locataire de la
Maison Blanche.
L’intérêt national : leitmotiv de la politique étrangère de Trump
Cependant, bien qu'en apparence
l’activisme de Trump dans les relations internationales parait être dénouée de
sens et de logique du fait de l’imprévisibilité de ses décisions, elle révèle
en filigrane le désir du milliardaire américain de redonner une certaine valeur
au leadership américain dans le but de redonner une place de choix au centre de
toutes les négociations internationales dans lesquelles l’USA devra imposer un
agenda aux autres États.
Les slogans de campagne du président Trump
« make america great again » ou « America first » sont assez significatifs
et révélateurs d’un projet politique pensé, d’une vision cohérente des
relations internationales se restructurant à l’épreuve des circonstances.
L’intérêt national recherché par DT
définit celui-ci en acteur rationnel des relations internationales, aspirant à
atteindre son but même si celui si s’oppose à l’objectif de ses partenaires
traditionnels et même si la relative stabilité mondiale pourra être remise en
cause.
Ainsi, la nouvelle politique étrangère du
gouvernement américain remet en question la notion d’alliances/amis et
d’ennemis sur la scène internationale. Elle entre en contradiction à la
politique étrangère prônée et défendue par ses prédécesseurs au bureau ovale
qui au fil des années était marquée par un essoufflement et d’une prévisibilité
logique. Dans cet optique, en homme d’affaire expérimenté, DT perçoit la scène
internationale comme un marché composé de plusieurs acteurs en quête de
bénéfice maximal où l’autre est perçu comme un potentiel obstacle pour
atteindre l’objectif final et où seule la concurrence est la règle et les
alliances sont tissées dans un but précis à atteindre.
Cette situation plus ou moins
bouleversante, au fils des jours, pourra modifier la carte géopolitique et
géostratégique du monde. De ce fait, la perception des rapports entre
puissances devra subir une reformulation, dans ce sens où la « puissance
[doit d’abord être perçue] comme relation sociale dont son exercice soit
fonction de conjoncture »[1]. C’est donc une opportunité idoine pour un
basculement de positions pour les pays considérés comme périphériques. Les
efforts d’émancipation de ces derniers devront s’alimenter de la dynamique des
relations internationales.
Impact de la politique étrangère de Donald Trump en Afrique
Cette nouvelle situation sur la scène
internationale devrait permettre à l’Afrique de revoir sa place sur l’agenda
prioritaire des puissances mondiales. En effet, l’Afrique de prime à bord ne
constitue pas une priorité pour Donald Trump qui a une connaissance très
limitée du continent africain. Cependant dans son discours, devant plusieurs
chefs d’État du continent, lors d’un déjeuner organisé à New York en septembre
2017, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, le président
américain a précisé « le potentiel commercial exceptionnel » de
l’Afrique. Cette reconnaissance bien que symbolique, pourrait constituer une
opportunité à saisir pour les États africains pour renforcer leurs relations
avec les USA. Il s’agira de restructurer les relations américano-africaines en
mettant plus d’accent sur la convergence d’intérêts des États africains
vis-à-vis de ses partenaires étrangers.
Parce que les États africains sont pour la
plupart des « quasi-États »[2] ne pesant pas suffisamment sur la scène
internationale et ayant une incidence moindre sur les décisions concernant les
secteurs prioritaires de la mondialisation tels que le commerce et l’économie,
il revient aux États africains de repenser l’intégration économique et
commercial sur le plan régional. Ceci pourra se faire par la coordination des
politiques économiques et commerciales de tous les États africains,
l’harmonisation des normes et des règles africaines pour le commerce, la
promotion du partenariat public-privé au niveau national, sous régional et
régional, l’harmonisation de la monnaie, la promotion des échanges intra
étatiques par la révision des règles fiscales et douanières favorisant
l’exportation et l’importation des produits et services d’origines africaines
tout en réduisant les coûts de transaction des dits produits.
La nouvelle politique de DT offre une
opportunité aux États africains de ne pesant pas suffisamment sur la scène
internationale et ayant une incidence moindre sur les décisions concernant les
secteurs prioritaires de la mondialisation tels que le commerce et l’économie,
il revient aux États africains de repenser l’intégration économique et
commercial sur le plan régional. Ceci pourra se faire par la coordination des
politiques économiques et commerciales de tous les États africains,
l’harmonisation des normes et des règles africaines pour le commerce, la
promotion du partenariat public-privé au niveau national, sous régional et
régional, l’harmonisation de la monnaie, la promotion des échanges intra
étatiques par la révision des règles fiscales et douanières favorisant
l’exportation et l’importation des produits et services d’origines africaines
tout en réduisant les coûts de transaction des dits produits.
La nouvelle politique de DT offre une
opportunité aux États africains de se départir d’un système de dépendance
mondialisé, structuré et déterminé principalement par les occidentaux. Le fait
pour le gouvernement Trump de remettre en question plusieurs accords
commerciaux et économiques laisse une porte entrouverte aux dirigeants
africains pour redéfinir leurs politiques de gestion des affaires extérieures.
Dans cette logique, il apparaît nécessaire pour les africains d’élaborer des
stratégies d’extraversion contrôlées et régulées, de stratégies de
développement principalement autocentrées sur les populations, usant
intelligemment des opportunités des conjonctures qu’offrent les relations
internationales où les rapports USA/UE sont plus ou moins étriqués, où la
rivalité sino-américaine s’amplifie et s’effectue sur toutes les zones
d’intérêt du monde, également où les lignes bougent dans les relations
russo-américaines et les relations USA/Corée du Nord.
Il revient à l’Afrique de profiter de
l’incertitude qui s’agrandit grâce à la politique étrangère peu orthodoxe de
Donald Trump pour tirer son épingle du jeu qui se fait, du moins le temps d’un
ou de deux mandats présidentiels américains. Encore faudrait-il résoudre le
problème de corruption, de clientélisme et le népotisme qui constituent des
véritables obstacles au développement de l’Afrique.
[1] Kacowicz A., « Negative international peace and
domestic conflicts, West Africa 1957-1966 », The journal of Modern African
Studies, Vol.35, N°3, 1997, Pp. 367-385
[2]Luc Sindjoun, Sociologie des Relations
Internationales africaines, Éditions Karthala, Paris, 2002, P.220
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